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                  Slam performé le 8 septembre 2013
                           Au bistro Le Troquet à Hull

J’ai trois minutes pour te parler

Pis la nostalgie me pogne…

Mer-de!
Je n’ose plus avancer
Mais trois minutes
C’est peu, c’est rien, c’est pas grand chose
Toi, tu as bien déjà perdu tout le mien
Mon temps

Alors, oui
Je prendrai donc un peu du tien
Cent quatre-vingt secondes précisément
De ton temps
Pour une fois sur au moins toutes les autres

Mais la nostalgie m’arrête encore…
Et j’ai presque perdu trente d’entre elles à me justifier

Alors, non
J’aurai la nostalgie demain
De te l’avoir dit hier
Ce qui veut dire
Là, c’est MOI
Qui parle maintenant

Attends que mes pensées s’allignent, se coliforment et rampent

Je demande un temps mort!

Quelque chose ne tourne pas rond
La tragédie vicieuse du cercle des siècles
Notre histoire tourne carrée
Nos-tal-gie: le premier signe du doute

Nostalgie de toute!

De nous
Ce goût amer
D’ennui et de misère
Ne pas vouloir lâcher
S’accrocher à l’intangible des choses qui n’existent pas

Nostalgie d’avoir rêvé!

Est-ce que disparaître est invisible, tu penses?
Est-ce que ça laisse des marques, tu crois?
Je te le confirme
Criss que ça tache les draps une fille qui braille

Nostalgie de ta présence!

Indélébile dans mon lit
Et de ton absence qui brille dans le noir
En guise de prix de consolation
Et se conseuler toute seule
C’est pas peu dire
Et parler dedans le vide, non plus

D’ailleurs, je peux le voir
Tu brules à l’instant de me dire
Rien du tout encore
Toi qui parles tellement plus dans tes silences

Alors nostalgie de j’en ai plus qu’assez!

D’être ci ou désêtre ça
Pour ne pas trop t’effrayer, toi
Nostalgie de désert aride et de dessert trop sucré

Nostalgie de déserter!

De repasser ses rideaux
Ses bas blancs et son passé
Le repasser
Le ressasser
Pour effacer les plis
En prendre d’autres

Tu. Me. Manques.
Surtout quand tu es là
Et le temps me manque aussi
À peine soixante secondes

Ça c’est une nostalgie de point de repère!

Lorsqu’hier qui semble si loin
Il faut se sentir
Devenir folle
Toujours se croire l’année dernière
Toujours l’été

Nostalgie d’être aveuglé!

De perdre la carte
Le nord
Le côté court
Et la constance de mes hivers beaucoup trop longs

Et la nostalgie me prend tout
Ce qu’il me reste de chaleur…

Nostalgie du froid qui paralyse!
De toi, de moi
D’y avoir cru
De m’être pendue
À ces trois syllables
Celle que t’as jamais sû digérer ensemble
Et que tu découpes en parts pour que ta tête encaisse le choc

Nostalgie de vingt secondes!

C’est trop vite ou trop tard
Pour te l’entendre dire
Nostalgie du « je », du « t’ai », du « me »

Et la nostalgie me pogne pour de vrai…

Nostalgie de ton départ
Mon impuissance devant ces dernières secondes

À toi, maintenant
Mais ne dis rien
Je sais déjà

Je voulais juste y croire plus longtemps

©Josianne Lavoie. Tous droits réservés.

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